Le nomadisme a grandi. En 2025, je ne croise plus seulement des solopreneurs entre deux coworkings et un cours de surf. Je vois des poussettes à côté des laptops, des carnets d’éveil posés sur des tables de cuisine en Asie, et des carnets de retraite remplis de projets en Europe du Sud. Deux tribus redéfinissent la slow life sur la route: les familles “worldschoolers” et les retraités nomades. Ensemble, ils donnent au mouvement une maturité nouvelle, plus enracinée, plus humaine — et, osons le dire, plus proche de l’ikigai.

2025: un nomadisme plus lent, plus vaste, plus intentionnel

  • Le mouvement a pris de l’ampleur: on parle de dizaines de millions de nomades dans le monde. L’âge moyen dépasse la trentaine, mais le spectre s’est élargi: familles complètes et jeunes retraités s’installent plusieurs semaines voire plusieurs mois par destination.
  • La norme, ce n’est plus le marathon d’escales; ce sont les séjours de 4 à 12 semaines. Le “slow-nomadism” s’impose — bénéfique pour le mental, pour le budget et pour la planète.
  • Les pays se sont adaptés: plus de 60 dispositifs de visas “remote/digital” à travers le monde, des hubs avec internet rapide, des écoles internationales, des communautés d’expats… bref, des écosystèmes de “remote living”.

Et, bonne nouvelle pour la slow life: plus on ralentit, plus on s’enrichit. Je l’ai vécu mille fois.


Les familles worldschoolers: l’école du monde… et de la patience

J’ai vu des enfants apprendre les fractions en négociant des mangues au marché, disséquer la géographie à bord d’un train de nuit, et comprendre l’écologie en replantant des coraux. Le worldschooling n’est pas l’école buissonnière: c’est une pédagogie de la vie réelle.

Ce qui change (en bien)

  • Apprentissage contextualisé: histoire sur site, langues en immersion, sciences par l’expérimentation.
  • Temps de qualité: le quotidien s’aligne sur le rythme familial (et non l’inverse).
  • Confiance et autonomie: les enfants gagnent en adaptabilité, les parents en présence.

Mais voilà la face B (indispensable à regarder)

  • Santé mentale et isolement: près de 4 nomades sur 10 rapportent des difficultés psychologiques. Avec des enfants, le besoin de repères explose.
  • Mobilité et attachements: des travaux montrent que des déménagements fréquents dans l’enfance peuvent fragiliser le sentiment d’appartenance. La clé, d’expérience, c’est de recréer de la stabilité “dans” la famille: rituels, routines, amis réguliers, bases récurrentes.
  • Logistique lourde: visas, scolarisation, soins, budget, décalages horaires. Et la réalité qui dégonfle parfois Instagram: logements décevants, bobos, coups de blues.

📌 À retenir

  • “Écoutez vos enfants.” C’est le conseil le plus lucide que j’ai entendu sur la route. Quand un enfant dit stop, le corps familial doit ralentir.

Ma routine type (qui marche vraiment)

  • 60 à 90 min d’apprentissage formel le matin (selon âge), puis apprentissages informels l’après-midi: nature, musée, cuisine locale, sport.
  • Séjours de 6 à 8 semaines par lieu, avec des “bases” qui reviennent (ex: même quartier à Bali/Chiang Mai/Portugal) pour stabiliser les amitiés.
  • Deux communautés essentielles: un hub de worldschoolers + une activité régulière (club de sport, musique). Sans communauté, tout devient plus dur.

💡 Astuce

  • Choisissez des “hubs” où la famille s’intègre vite: Koh Samui, Hoi An, Ericeira, Lagos, Tarifa, Antigua… Clubs enfants, écoles internationales flexibles, nature accessible et réseaux parents existent déjà sur place.

🔎 Réalités vs. Instagram (le check honnête)

  • Les journées “juste pour arriver et s’installer” existent (et s’enchaînent parfois).
  • Les crises aussi: surstimulation, chaud extrême, sommeil bancal, mal du pays.
  • Les écrans: gardez un cadre clair. Trop d’exposition chronique nuit au sommeil, à l’attention et à l’humeur — et nomade ne veut pas dire “sans limites”.

Les retraités nomades: la retraite comme deuxième vie itinérante

Beaucoup de seniors que je rencontre ne “fuitent” pas la vie chère; ils cherchent un climat doux, des villes marchables, une curiosité quotidienne. La retraite devient un projet de slow travel: apprendre, transmettre, être utile — avec du temps, enfin.

Motivations (au-delà de l’argent)

  • Qualité de vie: soleil d’hiver, mer, vie de quartier, culture accessible.
  • Santé et bien-être: marcher au quotidien, accès à des soins adaptés, rythme moins stressant.
  • Ikigai version post-carrière: bénévolat, ateliers, hobbies sérieux, parfois missions à temps partiel en ligne.
  • Liens familiaux: se rapprocher d’enfants/petits-enfants à l’étranger… ou leur donner envie de venir passer des saisons ensemble.

🧭 Visas utiles

  • Portugal (D7): référence européenne pour revenus stables.
  • Costa Rica (Pensionado): très populaire côté Amériques.
  • Et de nombreux visas “long séjour” compatibles avec une alternance sédentaire/nomade.

🧰 Trousse digitale simple et sûre

  • WhatsApp/Zoom pour le lien social, banque en ligne multi-devises, VPN fiable (sécurité + accès aux services).
  • Assurance santé internationale + check local des hôpitaux/clinics avant d’arriver.

🤝 Social d’abord

  • Le grand risque, c’est l’isolement. Anticipez: clubs locaux (randonnée, bridge, danse), cours (langue, poterie), rencontres expats… et gardez un rendez-vous vidéo régulier avec vos proches restés au pays.

Deux publics, une même philosophie slow

DimensionFamilles worldschoolersRetraités nomades
Rythme6–12 semaines/lieu, calé sur les besoins des enfants3–6 mois/lieu, souvent au rythme des saisons
PrioritésÉducation, communauté, continuité des soins et rituelsSanté, liens sociaux, projets personnels, sécurité
ContraintesScolarité, papiers enfants, charge mentale logistiqueAssurance santé, gestion administrative, logement long séjour
OpportunitésCohésion familiale, apprentissages vivantsTransmission, sens retrouvé, disponibilité et lenteur choisie

🎯 Point commun: tous deux “habitent” vraiment les lieux. Ils ne collectionnent pas des destinations: ils construisent une vie.


Les angles morts… et comment je les gère

  • Solitude et santé mentale

    • Ce qui pique: anxiété et fatigue sociale existent chez près d’un nomade sur deux selon les enquêtes.
    • Ce qui aide: séjours plus longs, routines non négociables (sommeil, sport doux, temps hors écran), un cercle social de proximité.
  • Enfants et écrans

    • Risques bien documentés: sommeil, attention, estime de soi. En nomadisme, les écrans deviennent vite béquille.
    • Garde-fous: temps d’écran contractuel, contenus co‑regardés, alternatives concrètes (carnets de voyage, jeux de société, sport).
  • Légal et fiscal

    • Variables selon pays, revenus et durée de séjour. Mon expérience: consulter un fiscaliste avant de “multiplier les 6 mois”, garder des preuves de résidence principale, bien comprendre les conventions.
  • Empreinte écologique

    • Le tournant du mouvement: moins d’avions, plus de trains/bus/ferries, éco-hébergements, achats locaux. La slow life, ce n’est pas un slogan: c’est des choix concrets.

✅ À retenir

  • Plus le séjour est long, plus c’est simple (et durable): coûts, relations, apprentissages, bien-être… tout s’améliore avec la durée.

Deux plans “slow” qui fonctionnent

  • Famille worldschooler (12 mois)

    1. Asie du Sud-Est (8 semaines): base avec communauté (ex: Chiang Mai, Hoi An).
    2. Europe Sud (10–12 semaines): école internationale flexible, road trips courts.
    3. Amériques (8–10 semaines): nature + musées, adaptation lente aux fuseaux.
    4. “Base” fixe (8–10 semaines): retrouver la maison ou la famille, ré-atterrir.
  • Retraité nomade (12 mois)

    1. Hiver au soleil (3–4 mois): ville marchable, soins accessibles (Lisbonne/Valence/Algarve).
    2. Printemps culturel (3 mois): capitale européenne, cours de langue/atelier.
    3. Été près des proches (3–4 mois): base d’attache en France/Europe.
    4. Automne nature (2 mois): montagne ou littoral calme, bénévolat local.

Mes conseils de terrain (testés et approuvés)

  • La règle 3–3–3 pour l’arrivée: 3 jours sans obligation, 3 cafés/retrouvailles locales, 3 petites victoires logistiques (SIM, marché, cowork/club).
  • Rituels quotidiens communs: même heure de repas, un “walk & talk” en fin de journée, une soirée sans écran par semaine.
  • Budget: négociez au mois (30% à 50% de moins), évitez les peak seasons, et anticipez une “caisse imprévus” santé/logement.
  • École: mix hybride qui marche souvent: 1h formelle/jour + projets équipes/coop (science, histoire), activités sport/culture 3x/semaine.
  • Transmission intergénérationnelle: proposez des “projets duo” (grand-parent/petit-enfant): cuisine locale, jardinage urbain, histoire orale de la famille enregistrée.

📢 Citation qui me guide
“On n’éduque pas quelqu’un à être libre en lui serrant plus fort la main — on l’éduque en lui apprenant à tenir debout.” Le worldschooling et la retraite nomade fonctionnent quand on donne de l’air, pas quand on remplace une contrainte par une autre.


En voyant grandir ces deux mouvements, je me dis que le nomadisme n’est plus une échappée belle: c’est un art d’habiter le monde. Si vous vous lancez, faites-le lentement, avec des “bases” récurrentes, des liens solides, et ce simple cap: avancer au rythme de votre ikigai — ensemble, et sans se presser.

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